Anciens agents exposés au risque prion : le mépris d'INRAE
Cinq ans après le décès d'Emilie Jaumain-Houel, INRAE publie sur son site web un encart s'adressant à ses agents et anciens agents exposés au risque prion, qui vivent dans l'angoisse d'avoir pu être contaminés en raison du mépris pour leur sécurité de l'institut qui les a exposés à ce risque mortel,
Cet encart s'inscrit dans la rubrique "un institut responsable [sic]".
Pourtant, il ne respecte toujours pas les recommandations rendues par le Comité Consultatif National d'Ethique il y a neuf mois au sujet de l'information des anciens agents exposés au risque prion, qui étaient déjà minimales. En effet, il ne donne aux personnes concernées aucun moyen d'accéder directement à un accompagnement psychologique ou médical.
Par ce communiqué, l'institut se contente de renvoyer les personnes terrifiées par la possibilité d'avoir été contaminées en travaillant pour lui vers "l'équipe de santé au travail du centre sur lequel [elles ont] été amené[es] à intervenir" et "la coordination nationale de médecine de prévention d'INRAE", et ce, juste après avoir décidé de licencier la coordinatrice nationale.
Ne reculant devant aucune outrance, l'institut se permet par ailleurs de vanter la "veille technologique et scientifique rigoureuse" prétendument à l'origine du renforcement des "mesures de sécurité" encadrant la manipulation des prions, alors que ce n'est qu'après le décès nos deux collègues, Emilie et Pierrette, qu'une évolution relative des pratiques a été initiée. Pour ces deux techniciennes qui ont payé de leur vie le fait de lui avoir fait confiance, INRAE n'a pas un mot.
Si les mesures de prévention en œuvre à INRAE étaient basées sur "une veille technologique et scientifique rigoureuse" :
- Le risque d'infection prion par voie percutanée, décrit depuis plus de cinquante ans, aurait été pris en compte en 2005. Emilie et Pierrette seraient en vie aujourd'hui.
- INRAE n'assènerait pas de manière si péremptoire que "la souche de la tremblante du mouton n'est pas pathogène pour l'homme", quand cette possibilité a été démontrée il dix ans par l'équipe même où Emilie a été mortellement blessée.
- INRAE n'aurait pas attendu la publication du guide de bonnes pratiques en 2022 pour commencer à envisager de timidement prendre en compte la possibilité de la contamination par voie aérosol, soulevée dès 2011.
En taisant le fait que c'est en travaillant à l'INRA et pour l'INRA que nos deux collègues ont été contaminées par "la variante de la maladie de Creutzfeld-Jacob [sic]", en vantant sa "veille scientifique et technique rigoureuse", en restant vagues sur les personnes à contacter si besoin, INRAE témoigne, une fois de plus, un absolu mépris pour Emilie Jaumain-Houel, pour Pierrette C, pour leurs proches, et pour l'ensemble de ses agents et anciens agents qui vivent aujourd'hui avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, pour avoir eu confiance en sa "responsabilité".
Face à cette nouvelle manifestation du mépris d'INRAE pour les agents mis en danger, l'Association Emilys, attachée à favoriser entraide et soutien mutuel, reste à l'écoute de toutes les personnes qui en ressentiraient le besoin.