Le risque radioactif

Les éléments radioactifs peuvent être d'origine naturelle ou artificielle. Ils sont caractérisés par une instabilité de la composition de leur noyau qui se manifeste par l'émission de particules ou de photons : ce sont les rayonnements ionisants.Le risque radioactif concerne l'ensemble des risques liés à ces rayonnements. Ces radiations ionisantes émises sont particulièrement dangereuses. Elles arrachent en passant dans la matière vivante des électrons aux atomes. Invisibles et inodores, ces rayonnements ne sont détectables que par des appareils de détection appropriés.Le pouvoir d'ionisation dépend de la nature des rayonnements. Il existe les rayonnements alpha, bêta, gamma, X et neutronique qui ont chacun leurs spécificités. Généralement, plusieurs types de rayonnements sont émis à la fois.L'exposition à ces radiations conduit au risque d'irradiationet de contamination.

Signalisation du risque radioactif

Le risque radioactif est représenté par un pictogramme de forme triangulaire sur fond jaune.


Mesurer la radioactivité

Les unités de mesures des éléments radioactifs sont le becquerel, le gray et le sievert(Bq, Gy, Sv). 

Le Becquerel(Bq) reflète l'activité d'un élément radioactif ou son émission de rayonnement. Elle diminue avec le temps. Ce phénomène est spécifique à chaque élément. La période radioactive est le temps au bout duquel le nombre de noyaux instables dans un échantillon radioactif aura décru de moitié. Le Gray(Gy) mesure la dose absorbée par un organisme ou une matière. Elle reflète une énergie absorbée par unité de masse. Ce n'est pas parce que l'on est dans une pièce où il y a des particules radioactives que notre corps va être en contact avec toutes les particules, seule une petite partie peut nous atteindre. C'est ce que l'unité « gray » exprime.Le Sievert(Sv) permet de mesurer l'impact du rayonnement sur la matière vivante. Il permet de quantifier le risque lié à une exposition à des rayonnements ionisants et de comparer l'effet d'une même dose délivrée par des rayonnements de nature différente à des organismes, des organes ou des tissus qui n'ont pas la même sensibilité aux radiations.Le sievert est donc la quantité de radioactivité absorbée par un individu (Gray) multipliée par deux facteurs possibles :

  • Le type de rayonnement émis,
  • La sensibilité de la zone du corps qui est exposée à ce rayonnement.

Effets sur la santé

Les effets des rayonnements sur l'organisme sont de deux types :

  • Les effets à court terme, dits déterministes, liés directement aux lésions cellulaires et pour lesquels un seuil d'apparition est défini. Ils se manifestent de quelques heures à quelques jours après l'exposition,
  • Les effets à long terme et aléatoires, dits stochastiques: cancers et anomalies génétiques. Ils se manifestent de quelques mois à quelques années après l'exposition.La dose radioactivereçue par l'organisme dépend de :

  1. La nature du rayonnement (type, activité, énergie),
  2. La distance à la source : plus l'organisme est éloigné de la source d'exposition, moins la dose absorbée sera forte (varie en fonction inverse du carré de la distance),
  3. Ladurée de l'exposition,
  4. L'épaisseur et la composition des écrans éventuels.


Les effets déterministes

A partir d'un certain seuil d'exposition aux rayonnements sur des parties ciblées de l'organisme, des effets pathologiques directement liés aux lésions cellulaires apparaissent. Les tissus les plus radiosensibles sont les cellules de l'appareil digestif, les organes reproducteurs, de la moelle osseuse, du cristallin et de la peau.En cas d'exposition globale du corps humain, le pronostic vital est lié à l'importance de l'atteinte des différents tissus (moelle osseuse, tube digestif, système nerveux central). Ces effets ont les caractéristiques suivantes :-Ils sont observés aux fortes doses,-Ils apparaissent obligatoirement au-dessus d'un seuil qui varie suivant les individus,-Leur gravité augmente avec la dose reçue. La dose d'irradiation d'un organisme se mesure en gray (Gy). En fonction des tissus exposés et de la dose reçue, les effets peuvent être plus ou moins graves. Ils sont décrits à titre indicatif dans le tableau suivant mis en ligne par l'Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN) :

Les effets stochastiques

Ces effets surviennent de façon aléatoire au sein de la population ayant subi une exposition identique mais sans qu'un seuil ait pu être vraiment défini. Cela peut induire des anomalies génétiques (mutations) responsable de cancer. Elles sont irréversibles et il n'existe pas de dose seuil en dessous de laquelleelles ne se manifestent pas. Par prudence, on considère que toute dose, aussi faible soit-elle, peut entraîner un risque accru de cancer. C'est l'hypothèse « d'absence de seuil ».Les facteurs de développement d'un cancer ne sont pas toujours faciles à mettre en évidence.

Leur délai de survenue se compte en mois et en années.

L’exposition au risque radioactif

On parle d'irradiation lorsque la source radioactive est située à l'extérieur du corps de la personne exposée. Plus la distance entre la source et la personne est importante, plus l'exposition par irradiation est faible. Pour stopper l'exposition par irradiation, il suffit donc d'éloigner les personnes de la source radioactive ou de les protéger par des équipements de protection.On distingue deux cas possibles d'irradiation :

  • L'irradiation sans contact cutané : L'irradiation est dans ce cas en rapport avec le pouvoir de pénétration dans le corps du rayonnement émis. Les plus dangereux sont les rayonnements gamma, X et neutroniques. Les rayonnements beta n'entrainent pas d'irradiation en profondeur dans le corps humain et les rayonnements alpha ne peuvent pas pénétrer dans l'organisme par ce type d'exposition.
  • L'irradiation par contact cutané : Il y a irradiation par dépôt d'éléments radioactifs sur la peau. En fonction de la présence de plaies, d'altération cutanée et plus rarement à travers une peau saine, certains éléments peuvent pénétrer dans l'organisme et entraîner une contamination.

On parle de contaminationlorsque la source radioactive pénètre à l'intérieur du corps de la personne exposée, soit par inhalation, soit par consommation de produits contaminés, soit par blessure avec des objets contaminés. Les particules vont continuer à émettre des rayonnements et séjourneront plus ou moins longtemps dans le corps en fonction de leur taille et des éléments radioactifs concernés, avant d'être éliminées.

La prévention au risque radioactif

En matière de prévention des risques liés à l'exposition aux rayonnements ionisants, la démarche d'évaluation du risque professionnel qui doit être adoptée est la même que pour les autres risques.Dans le cadre du risque radioactif c'est la radioprotection. Elle a pour objectif de prévenir et de limiter les risques sanitaires dus aux rayonnements ionisants quelles que soient leurs origines et constitue le socle sur lequel sont fondées les règles de prévention qui doivent être mises en place par l'employeur.

En application des principes généraux de prévention, il convient tout d'abord d'évaluer les risques, dans la mesure du possible de les éliminer, sinon de mettre en place des mesures de protection collective et en dernier ressort, des équipements de protection individuelle. La prévention doit être intégrée le plus en amont possible dès la conception des lieux de travail, en passant par des mesures d'organisation du travail, d'information et de formation.

Les trois principes fondamentaux de la radioprotection:

1.La justification de toute activité entraînant une exposition aux rayonnements ionisants doit être justifiée.

2.L'optimisation du niveau d'exposition des personnes aux rayonnements ionisants, la probabilité de la survenue de cette exposition et le nombre de personnes exposées doivent être maintenus au niveau le plus bas possible.

3.La limitation des expositions individuelles. Les expositions individuelles doivent être maintenues en dessous des limites pour lesquelles le risque est jugé acceptable. Ces limites sont telles qu'elles permettent:

      ●D'éviter tout effet pathologique, en se situant bien en dessous des seuils des effets déterministes,

    ●De maintenir le détriment éventuel provoqué par les effets aléatoires à un niveau jugé acceptable pour le manipulateur.

Les valeurs limites d'exposition professionnelleLe cumul des expositions pour les travailleurs exerçant une activité soumise aux rayonnements ionisants, même occasionnelle, ne doit pas dépasser des valeurs limites réglementaires. En fonction du niveau d'exposition estimé, des zones de travail doivent être définies. Elles sont classées par un code de couleur et par une signalisation spécifique présentée dans le schéma suivant :

Les valeurs limites d'exposition professionnelleLe cumul des expositions pour les travailleurs exerçant une activité soumise aux rayonnements ionisants, même occasionnelle, ne doit pas dépasser des valeurs limites réglementaires. En fonction du niveau d'exposition estimé, des zones de travail doivent être définies. Elles sont classées par un code de couleur et par une signalisation spécifique présentée dans le schéma suivant :

●La zone surveillée définit un espace de travail où le manipulateur est susceptible de recevoir une dose d'exposition pour l'organisme entier dépassant 1 mSv/an.

●Une zone dite de contrôledoit être mise en place dès lors que le manipulateur est susceptible de recevoir cette dose à 6 mSv/an. A l'intérieur de cette zone, lorsque le risque d'exposition dépasse certains seuils, des zones spécialement réglementées ou interdites d'accès doivent être délimitées et signalées. Il s'agit des zones jaune, orange et rouge.

Le Code du travail impose à l'employeur de classer le personnel en deux catégories : La catégorie Aregroupe le personnel susceptible de recevoir sur 12 mois consécutifs une dose efficace supérieure à 6 mSv, et/ou une dose équivalente supérieure à 150 mSv pour la peau et/ou les extrémités. Le personnel classé en catégorie B regroupe tous les autres travailleurs susceptibles de recevoir sur 12 mois consécutifs une dose efficace supérieure à 1 mSv, et/ou une dose équivalente supérieure à 15 mSv pour le cristallin et/ou à 50 mSv pour la peau et/ou les extrémités.

La Personne Compétente en Radioprotection (PCR) : C'est la personne ressource au sein du laboratoire. Elle a pour mission d'analyser le risque radioactif (zonage radiologique, classement des agents, dosimétrie, étude de poste, ...) en collaboration avec les autres acteurs du laboratoire et de l'entreprise. Elle choisit et aide à la mise en œuvre des mesures de radioprotection, participe à la gestion des sources radioactives, contrôle ou fait contrôler les installations, les matériels et les sources, gère les déchets radioactifs (stockage, contrôle, élimination). Elle forme aussi les utilisateurs au poste de travail.