Communiqué intersyndical lors de la F3SCT Ministériel du 25 janvier 2024 sur les prions infectieux

26/01/2024

Préventions des risques liés aux prions infectieux : l'État garantit-il vraiment la santé et la vie de ses agent·es ? 

Nous apportons tout notre soutien au communiqué unitaire publié par la FERC CGT, Force Ouvrière ESR, la FSU, le SGEN CFDT, Sud Education, Sud Recherche, et le SNPTES UNSA, en réaction à la FS-SSCT ministérielle qui s'est tenue le 25 janvier 2024, et au cours de laquelle le risque prion a enfin été abordé. 

L'Association Emilys partage pleinement les constats de ce communiqué concernant les multiples défaillances de l'employeur public et de l'Etat dans la protection de ses agents, dont : 


(1) L'absence de mise à jour du guide de bonnes pratiques sur la base des conclusions des audits 

(2) L'inquiétante incapacité du ministère de la Recherche à communiquer aux syndicats représentatifs les laboratoires concernés par le moratoire et ceux dans lesquels il a été levé. 

Les représentants du ministère nous ont également donné des informations contradictoires à ce sujet : En décembre 2022, il nous était annoncé que le moratoire avait été levé dans "la moitié" des unités concernés. Ce nombre est ensuite passé à 6 sur 9 en octobre 2023, mais à 2 en novembre, nombre qui a également communiqué à Hervé Morin, qui a réalisé pour Le Monde un important travail d'enquête sur ce sujet.

Ajoutons que des informations erronées lui ont été fournies concernant la manipulation de prions par des stagiaires dans les laboratoires d'INRAE : la représentante du ministère lui a en effet affirmé, malgré le fait que nous l'avions déjà alertée à plusieurs reprises à ce sujet, qu'aucun stagiaire n'avait jamais manipulé de prions. Il a pu confirmer grâce à différents témoignages que cette information, qui lui avait été transmise par les tutelles des laboratoires, était mensongère, et que des stagiaires avaient bien manipulé des prions.

3) La préconisation discutable du CCNE de ne pas informer les agents exposés au risque

Comme nous le détaillions dans une précédente actualité, et comme rapporté par le Monde, il nous semblerait préférable d'alerter les agents exposés, d'une part, pour des raisons de sécurité (par exemple pour sécuriser le don du sang), et, d'autre part, pour empêcher que la terrible errance thérapeutique vécue par Emilie ne se reproduise. Quoi qu'il en soit, cette préconisation ne doit en tous les cas pas empêcher le recensement à des fins de veille épidémiologique des personnes concernées, conformément aux recommandations de l'IGESR.


Nous partageons les revendications détaillées dans l'avis de la FS-SSCT du 25 janvier 2024, adopté à l'unanimité des organisations syndicales représentatives, pour une recherche sur les maladies à prions et autres protéinopathies qui place la sécurité des personnels avant la course aux résultats scientifiques.

Cela nécessite de prendre conscience des manquements passés, d'empêcher les laboratoires, déjà responsables de deux décès de poursuivre leur activité avec le même type de pratiques dangereuses, et, pour tous les laboratoires, d'imposer des procédures réellement protectrices des agents, telles que la séparation effective des chaînes de responsabilité sécurité et recherche jusqu'au plus haut niveau possible de la hiérarchie, recommandée par l'IGESR, demandée unanimement par les syndicats représentatifs, et pourtant refusée par la direction d'INRAE, sans que cela ne semble alarmer ses ministères de tutelle.